6 L'intervention de Gérard Marle

Chaque chômeur est seul avec son problème

Susciter et faire entendre la parole collective des chômeurs

 

 

Gérard Marle est Prêtre accompagnateur du CCSC (Comité Chrétien de Solidarité avec les Chômeurs). Il dénonce le manque généralisé de solidarité dans la société française qui globalement refuse d'écouter la parole collective des chômeurs

Quand on lui demande comment il explique cette indifférence générale, il répond :

Écouter l'autre, c'est se demander : Que se passe-t-il dans l'autre ? Mais écouter celui qui est en train de mourir, c'est voyager dangereusement car, au bout du compte, il s'agit d'affronter la mort. Et peu de gens sont prêts à faire cela, ils préfèrent rester dans la sécurité et le confort d'une vie bien rangée.

On lui demande si les chômeurs ne pourraient pas se mobiliser pour se faire entendre.

Il répond qu'il est très difficile de susciter cette parole collective à cause de l'extrême variété des chômeurs : certains sont au bord du chômage mais espèrent encore préserver leur emploi, et pour ceux qui y sont déjà, la situation est vécue différemment par chacun : pour les uns, c'est avant tout un problème économique, pour d'autres un problème social ou familial, pour d'autres un problème d'équilibre psychologique… certains veulent à tout prix s'en sortir, d'autres sont résignés… Bref une des plaies du chômage, c'est que chacun se retrouve seul avec son problème.

Quand on lui demande si les hommes politiques ne pourraient pas intervenir, il répond :

Le chômage n'est pas un enjeu politique dans une société… qui accepte que certains deviennent de plus en plus riches et d'autres de plus en plus pauvres, où certains travaillent trop alors que d'autres ne trouvent pas de travail ou même n'ont pas le droit de travailler, où seulement 5 % des plus pauvres ont accès à la formation. Dans un tel contexte notre boulot est plus que jamais de soutenir la voix collective des chômeurs pour obtenir de vraies négociations.

Quand on lui demande pour quoi il veut négocier, il répond :

  • D'abord pour sortir des stéréotypes parmi lesquels celui qui consiste à considérer les chômeurs comme des paresseux et des fainéants. 900 000 d'entre eux sont en errance complète parce qu'ils ne trouvent pas de moyens de s'en sortir et que c'est pour eux le seul moyen de ne pas disjoncter complètement. 
  • Ensuite pour obtenir un partage du travail, ce qui devrait être possible dans un pays où la productivité a été multipliée par deux en 120 ans, puis par trois pendant les 50 dernières années.
  • Ensuite pour changer de mentalité, faire comprendre que notre identité ne se trouve pas seulement dans le travail mais aussi dans le bénévolat. On pourrait envisager aussi d'interdire le chômage et le remplacer par des emplois d'intérêt public.
  • Enfin pour obtenir des chefs d'entreprise qu'ils jouent le jeu dans le cas des emplois aidés pour que ces aides soient utilisés pour les plus pauvres dans un travail où ils produisent quelque chose plutôt que pour créer des emplois fictifs pour des gens qui n'en ont pas besoin et qui sont payés à ne rien faire. 

 

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