Journées Nationales Prison - Ep. n°1

Du 23 au 27 novembre, ce sont les Journées Nationales Prison : découvrez nos épisodes-témoignages à l'occasion.

Les Journées Nationales Prison - JNP pour les intimes - se déroulent du 23 au 27 novembre 2020. Cette année, pour adapter notre format à la situation que nous vivons, nous vous proposons pendant quatre semaines, de découvrir nos quatre épisodes, nos témoignages pour vous présenter l'action de bénévole en prison.

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Christiane, Aumonier de Prison

Lorsque j'étais plus jeune, en tant que parent, j'ai souvent été sensibilisée à la problématique de l'ado en rupture, à sa difficulté de respecter la loi, le cadre...

A l'origine, je me suis, en une certaine mesure, sentie appelée pour la mission d'aumônier, basée sur l'écoute, l'accueil et le respect de l'autre quoiqu'il ait commis.

Au nom de ma foi en Dieu, je me suis engagée à témoigner de son amour et de sa miséricorde auprès des plus exclus

Je crois qu'il y a toujours une part de bon en chaque être humain et qu'il est important de mettre en lumière cette zone bien souvent occultée.

La personne détenue est généralement identifiée par l'acte délictueux pour lequel elle est incarcérée. Or, elle a fort heureusement d'autres spécificités, qualités qui vont permettre son cheminement vers la reconnaissance du tort qu'elle a fait subir aux victimes en vue de réparer ses erreurs et, dans le meilleur des cas, se résoudre à une conduite « dans le droit chemin ».

 

Yamina Bouzidi, bénévole à la maison d'arrêt de Valenciennes (MAV)

Il y a 20 ans, j’ai reçu une lettre. Mon ancien compagnon est détenu à la MAV. Il n’a pas de famille. Il  ne reçoit pas de visite. Il a besoin de nécessaire de toilette et de vêtements chauds. J’ai le droit d’apporter des vêtements sans capuche, des baskets sans lacets. Mais je n’ai pas de parloir. 

Sur le trottoir, devant la prison, des familles, sacs « Carouf » à la main. Nous attendons en silence. Après un « Klang » brutal, la porte s’ouvre. Nous entrons dans une petite pièce aux murs défraîchis,  sales. Après avoir présenté ma carte d’identité à l’agent de l’accueil, donné le numéro d’écrou, je lui  remets le sac que j’ai apporté. Je dois attendre qu’il me remette les effets sales de mon ami. 

Je m’assois, j’observe. Des hommes, des femmes, des enfants, des nourrissons. La plupart sont  silencieux. Des femmes inquiètes demandent des nouvelles de leurs fils ou de leurs compagnons.  Mais les agents ne peuvent que donner le numéro du SPIP. Parfois d’autres s’énervent, crient,  pleurent. Mon cœur tressaille chaque fois que la porte fait « klang ».  

Il y a des bénévoles d’une association qui offrent un sourire, un mot gentil. 

De la fenêtre aux barreaux, je suis du regard ceux qui vont au parloir dans le bâtiment d’en face. Je  récupère le linge sale et avant de partir, je passe aux toilettes. Elles sont infectes, crasse, tartre marron, pas de papier, pas de savon, des toiles d’araignées.  

Au bout d’un mois, j’obtiens mon droit de visite. Je mets mes effets personnels dans un casier. Un  « klang » et je suis le groupe vers le bâtiment d’en face. Là, nous passons sous un portique qui sonne  à la moindre boucle de ceinture ou de métal sur une chaussure. Les sacs de vêtements sont fouillés  et stockés. Puis on nous enferme dans une petite salle. La fenêtre à barreaux ne s’ouvre pas.  J’étouffe. Des enfants sont turbulents, les mères au visage déjà vieilli ne savent plus les gérer. Des  jeunes femmes sont enceintes. D’autres viennent présenter le nouveau-né. Des parents de détenus,  âgés, calment les petits des autres en racontant des histoires. Moi je chante une berceuse à un petit  bonhomme qui se jetait par terre.  

Maintenant, on nous mène dans un escalier où il faut encore attendre. Debout. Ensuite, nous  entrons au parloir. Il est constitué de box. C’est moche, c’est sale. Odeur de sueur. Dans chaque box,  une table deux ou trois chaises. Attendre encore. Un « klang ». «Ca y est, les voilà ! » « Voilà Papa ! ».  Je sors la tête et je vois les visages s’illuminer et voilà on ami. Il me serre fort dans ces bras. Mais  c’est très court. On n’a pas droit aux effusions ni à l’intimité. Le maton passe entre les box, des  gamins montent sur les chaises, se penchent sur la planche du box et nous font des blagues, d’autres  vont de box en box. Des couples s’engueulent. Des petits pleurent. Il y a un brouhaha. J’étouffe à  nouveau. Mais je souris à mon ami. « Klang !». Le temps est très court. Toute cette attente pour si  peu… 

En 2018, quand j’ai rejoint le Secours catholique, j’ai tout de suite accepté d’accueillir les familles en  attente de parloir. Je sais ce qu’elles vivent, je connais les besoins. Les toilettes sont toujours dans le  même état… 

J’ai participé « aux colis » pour les indigents. Deux de mes amis artistes ont animé grâcieusement des mini concerts. Avec d’autres bénévoles et les diacres, nous avons partagé la galette avec des  personnes dites indigentes. La musiques, les textes choisis ont ému et permis de partager des  moments de fraternité.  

Je souhaite continuer et peut-être aussi accompagner des détenus à leur sortie. Je dois me former.

 

Geneviève

Pourquoi suis-je devenue visiteuse de prison ?

J’ai toujours pensé qu’un jour ils sortiraient…mais dans quel état ?

Comment préparer une sortie ? Comment éviter la récidive ? Comment aider à la réinsertion ?

Mon activité professionnelle m’avait habituée à écouter à m’entretenir, à encourager l’expression, à laisser s’exprimer, à permettre à la personne de mettre des mots sur ce qu’elle ressent, ce qu’elle vit.

Depuis 10 ans je rencontre des détenus au parloir avocat du centre pénitentiaire. On les informe de notre existence et de notre rôle et ce sont eux qui demandent à rencontrer un visiteur.

Bénévole qui tend la main et qui vient à la rencontre d’une personne. Sans juger, sans questionner ce n’est pas notre rôle.

Le visiteur vient de l’extérieur, c’est une bouffée d’oxygène… Les sujets de conversation sont variés et nous nous apprenons mutuellement. Le visiteur est souvent un retraité (disponibilité oblige) et la relation qui s’établit dépend aussi de l’âge de l’un et de l’autre…

Les échanges sont confidentiels, on peut « vider son sac » sans réserve. La durée de l’entretien varie selon la personne plus ou moins bavarde !  Ces entretiens ne sont pas obligatoires et peuvent cesser à tout moment.

 

Article publié par Secours Catholique Nord-Cambrai • Publié le Mercredi 25 novembre 2020 • 699 visites

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